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dimanche 18 septembre 2022

Conversation avec Ovidie, putain savante

Encre —Aline Bureau


M/F — Ovidie, l’ex-actrice et réalisatrice de films X est devenue écrivaine, documentariste, docteure en Lettres et Études filmiques. Tout récemment qualifiée maître de conférence, tu as dû travailler dur pour faire enfin partie du sérail ? 


Ovidie – Oui, c'est ma petite victoire ! Le CNU n’est pas l’école des fans, ce n’était pas gagné… En fait, il y a peu de cas de putains savantes qui fassent jurisprudence. Déjà « des putains » au sens large qui finissent docteures, nous étions très peu nombreuses à être allées jusque-là. Pour la qualification, à ma connaissance il n’y a que Wendy Delorme, maître de conférence sous son vrai nom, en info com, et maintenant : moi ! Il y a quelques nanas aux Etats-Unis qui ont eu des doctorats honorais causa mais ce n’est pas la même chose que de passer quatre ou cinq ans sur sa thèse à en baver.


M/F – que revêt ce mot putain ?


Ovidie – Putain est un terme que j’aime bien employer. Je l’emploie aussi pour qualifier des femmes comme Wendy Delorme, Nelly Arcan ou Virginie Despentes qui a aussi été travailleuse du sexe. Ce sont des putains savantes.  [...]


Propos recueillis par Zoé Balthus pour la revue littéraire La moitié du fourbi


Conversation intégrale dans X, le numéro d'automne de La moitié du fourbi à paraître en octobre 2022. En voici le sommaire par ordre alphabétique:


Zoé Balthus Kâmasûtra, le mal-aimé

Antoni Casas Ros / Le X saisi dans sa course folle vers la révolution

Joëlle Dubois / You are not alone (Peintures)  

Nolwenn Euzen / L’oubli nous appartient (Interstice à présent de tous les temps) 

Frédéric Fiolof / Les corps traversés 

Hélène Gaudy Tintin

Amélie Guyot / Par-delà le syndrome de l’X fragile (Poésie) 

Simon Kohn Couic 

Hugues Leroy / Exercices de vide

Annie Lulu / Handa

Victor Malzac / La javel

La mf / Conversation avec Ovidie, putain savante  

Anthony Poiraudeau / Ex-fan des nineties

Noëlle Rollet  Sans les mots 

Fanny Taillandier / X vs X — Stéphane Mallarmé versus XXXTentacion 

Gabriela Trujillo Avatar : Bel ami  


dimanche 19 mars 2017

Divino Inferno [Et Rodin créa la Porte de l'Enfer]

                                                  Divino Inferno [Et Rodin créa la Porte de l'Enfer] un film de Bruno Aveillan et Zoé Balthus

« Il fit porter à des centaines et des centaines de figures à peine plus grandes que ses mains, la vie de toutes les passions, la floraison de tous les plaisirs et le poids de tous les vices » – Rainer Maria Rilke, in Auguste Rodin, Œuvres I Prose (Ed. Seuil)


Seul contre tous, le sculpteur Auguste Rodin (1840-1917) a su imposer, son droit absolu de créer comme il l’entendait, en inventant des techniques, en brisant des tabous, en restant résolument attentif à ce que lui soufflait sa nature, à ce que lui inspirait la Nature. 


Toute sa vie, il a eu à lutter contre son époque. Il s’est construit sur ses échecs, il a bâti une œuvre extraordinaire malgré les entraves et les scandales. Il n’a jamais renoncé à ce qu’il était, ni renié ce qu’il admirait, et a inscrit sa vision d'avant-garde dans l'Histoire de l'Art.

Epris de vérité, de sensualité, de chair et de mouvement, il est un modèle d’affranchissement. A 64 ans, le sculpteur pouvait affirmer : 
« Je suis le plus heureux des hommes parce que je suis libre [...] ma plus grande joie est de me sentir libre intérieurement, c’est-à-dire émancipé de tout mensonge artistique ».
La carrière de Rodin a connu de multiples obstacles avant de s'épanouir enfin. A presque 37 ans, il n'est encore qu'un ouvrier-artisan et redoute d'être condamné à le rester jusqu'à la fin de ses jours. Il place tous ses espoirs dans le Concours du Salon des Artistes français en 1877 où il présente un nu masculin L’Âge d’airain, une œuvre à laquelle il a consacré toute son énergie et son talent pendant plus de deux ans. 

Là, contre toute attente, cet inconnu sorti de nulle part et son pur chef-d’œuvre s’attirent les foudres de l'Académie, bousculée dans ses fondements.

Accusé de tricherie, Rodin outragé se défend avec force. Le scandale éclate. Après une enquête aussi longue qu’inutile, il est finalement blanchi. L’affaire a eu l’avantage de répandre son nom dans les ateliers, parmi la jeune génération d’artistes jusqu'aux plus hautes sphères de l'Etat. 

Le Penseur - Auguste Rodin (c) Zoé Balthus

Bientôt, les institutions lui offrent une première commande publique en réparation de l’humiliation subie : une porte destinée au futur Musée des Arts décoratifs de Paris. Rodin devient aussitôt un artiste en vue et très vite un grand maître d’atelier. 

L’épreuve de l’Âge d’airain n'a fait que renforcer sa détermination à se dépasser. La création d’un monumental chef-d’œuvre est une nécessité, c'est une affaire d'honneur et de revanche.

Inspiré par l’œuvre de Michel-Ange, – le maître auquel il ose désormais se mesurer –, mais aussi par la statuaire gréco-romaine, La Porte du Paradis du baptistère de Florence, La Divine comédie de Dante et Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, le sculpteur passe plus de vingt ans à ériger la plus importante sculpture du XIXe siècle :  La Porte de l’Enfer. 

A la fois, journal intime, laboratoire de toutes ses audaces et réservoir de l'essentiel de ses chefs-d’œuvre, dont Le Baiser et Le Penseur, toutes ses inspirations et ses techniques s’y expriment.

Rien depuis Michel-Ange n’avait atteint une telle magnificence. La Porte de l'Enfer– conservée à l’abri des regards pendant les deux décennies qui ont suivi sa commande – est l'énigmatique matrice de toute l'œuvre du sculpteur.  

Divino Inferno, [Et Rodin créa La Porte de l’Enfer], diffusé sur Arte en avril 2017a remporté le Rockie Award 2018, catégorie Art, du festival de Banff et nommé à Art Fifa au musée national du Québec, au Canada. Le film a été projeté au Grand Palais, Paris dans le cadre de l'exposition du Centenaire Rodin, au Musée d'art contemporain Marcel Lenoir, Montricoux,  ainsi qu'au Gorki Park, à Moscou, en Russieà la Fondation Mapfre à Barcelone, en Espagne, à la Fondation Barnes à Philadelphie, au Cantor Arst Center de Standford, à LMU de Los Angeles aux Etats-Unis, au Musée national de l'Art occidental de Tokyo (conférence de Zoé Balthus) et au Musée de Shizuoka (conférence de Zoé Balthus) au Japon et à l'Art Gallery of South Australia d'Adélaïde, 

Un film de Bruno Aveillan,  écrit par Zoé Balthus et Bruno Aveillan (2016) – Notre reconnaissance au plasticien Mircea Cantor qui a réalisé pour le film une performance inédite dans l'enceinte du musée Rodin
Avec les voix de Denis Lavant et Elsa Lepoivre (Sociétaire de la Comédie française)

Produit par ARTE, La Réunion des Musées Nationaux, Les Bons Clients, QUAD,  Fix Studio, NOIR